1 thème, 6 questions, 3 sophrologues
Le son – Florian Boullot
Quelle est ta définition singulière du son ?
J’aime beaucoup associer le son à l’image d’une onde créatrice qui vient faire vibrer la matière. La vibration originelle, le son primordial auraient la propriété d’organiser la matière, de donner forme au monde, d’insuffler la vie et de relier les éléments entre eux. Pour moi, c’est quasi magique !
Quelle couleur pour quel son ?
La couleur dorée et le cliquetis des horloges dans le château de Versailles, c’est un langage mécanique et poétique qui nous parvient encore aujourd’hui et qui raconte à l’identique les réminiscences d’une autre époque.
L’auburn et le bruissement des feuilles dans un parc au début de l’automne. Quelle belle manière de se connecter à une nouvelle saison, au langage des arbres dont la langue française est assez pauvre pour en décrire toutes les modulations et tous les rythmes.
Le bleu et la danse d’un crayon sur une feuille dans une bibliothèque. Il s’agit là d’un son déclencheur de la fameuse sensation nommée « ASMR ».
Quelle place a le « son » dans ta vie personnelle : musique, chansons, mots, voix, etc… Laisse affluer tes réminiscences même lointaines, tes sensations, de la manière la plus libre et ouverte qui soit.
Le son a une place centrale dans ma vie. Pour moi, un son, c’est toujours une note de musique. Je suis musicien et chanteur dans le duo pop Cassandre. J’enseigne l’allemand dans l’Éducation Nationale, lieu où la voix de l’enseignant a une place capitale. Je réalise aussi des vidéos « ASMR » sur Youtube (vidéo visant à relaxer, voire endormir l’auditeur) parfois en partenariat avec des musées. Le son vient d’une certaine manière mailler tout ce que j’entreprends.
Quelle place a le « son », dans ta vie professionnelle ? Est-ce que tu l’introduis dans tes séances et si oui de quelle manière, pour quels objectifs, à quel moment d’un protocole…
En sophrologie, le son aussi occupe une place centrale. C’est d’ailleurs la communauté fédérée autour de ma chaîne Youtube qui m’a motivé à me former à la sophrologie au CENATHO. Ainsi, je mène toutes mes sophronisations de manière sonorisée avec un micro binaural qui permet de ressentir la proximité et la douceur du terpnos logos. Le sophronisé porte une paire d’écouteurs et la visualisation devient un nouvel espace créatif en état alpha. J’utilise des diapasons, une cloche de cristal, des plumes d’oiseau, un koshi, mes mains aussi qui viennent parfois frôler le micro, le souffle…
Quel mouvement particulier du corps aimerais-tu associer au mot « son » ? Invente et décris un geste précis et transmissible.
Sans hésiter, un mouvement neutre et vertical avec résonance de la voix, un peu comme avec le phonème du 3e degré EUPHRONIA.
Verticalité du geste… La main dominante à la manière du geste du tratac vient se positionner là où elle a envie, par exemple entre les sourcils après une délicate, délicieuse, minutieuse ascension verticale pour sentir la résonance de la voix dans le corps.
Quel serait pour toi, ici et maintenant un environnement sonore idéal ? Dresse une liste (un peu comme une liste de course) des sons divers que tu aimerais entendre dans une journée.
La pluie qui tombe sur des végétaux
Le son d’une éponge gorgée d’eau que l’on presse à l’envie
Le ronronnement de l’un de mes chats à proximité
Une main qui cherche un stylo dans une trousse
La cuillère qui racle le fond d’un pot de yaourt
Un jeune merle célébrant le printemps
Le son d’une brosse en bois dans des cheveux
Le son des pas dans un sous-bois crépitant
Compose un poème, en prose ou en rime comme tu préfères, dans lequel tu utilises le mot « son » en compagnie de au moins deux de ses homonymes.
SONS
Je suis revenu quelques instants au fond de cette cabane, là, dans ce jardin. Quel plaisir du corps et de l’âme que de s’offrir un instant aux sons. Ils vont, ils viennent, ils sont partout. Sont-ce leurs chuchotements ? Ou bien leur énergie ? Invisibles, je les devine. Imprévisibles, ils me taquinent.
Insondables songes. Une rivière chuchote la pureté de son eau.
Vibrations sonores, la pluie s’invite en clapotis doux et rythmés.
Les comètes passent, un hérisson s’invite, le cosmos tremble.
L’univers baigne dans un son pluriel.
Florian Boullot
Rubrique animée par Marcella, sophrologue à Paris 15e